ASSOCIATION PRATZEN
Quelques extraits de mémoires pendant la campagne de belgique 1815
Extrait des mémoires du Capitaine Legolu dentiste des armées près du VIème corps d'armée en juin 1815.
L'après midi était bien avancée. Le temps était au beau fixe, quoiqu'un peu lourd en cette fin de journée.
Les troupes françaises s'acheminaient lentement mais sûrement vers Ath, où l'armée britannique s'était regroupée. Trop lentement au goût de l'Empereur, qui pestait chaque instant, qui pour un message sans valeur, qui pour une remarque inutile d'une estafette qui ne voulait simplement que l'aider.
Impatient de saisir les intensions de Wellington, celui-ci s'était porter à la tête de la colonne de marche, provoquant, dans son cheminement tout le long, l'enthousiasme de ses soldats, qui se manifestaient pour la plupart au cri de "Vive l'Empereur !". Pour la plupart seulement, certains faisant grise mine et restant mués, ce qui n'était pas bon signe...
Vers 14h00, le corps de Lobeau approchait enfin des deux villages immédiatement au sud de Ath, Chièvres et Brugelette. Premier contact : les éclaireurs de retour annoncaient la présence de deux brigades de cavalerie, l'une étant composée de dragons anglais. Les anglais étaient donc bien là. Et appremment pas surpris de la manoeuvre.
Lobeau, plein d'enthousiasme, ordonna d'avancer sans se soucier des dragons, qui allaient sûrement décrocher vu la masse d'infanterie qui s'avançait vers eux.
Les cavaliers alliés s'exécutèrent, Lobeau esquissat un sourir, mais dû le ravaler quelques instants après lorsqu'il aperçut les dragons anglais se reculer en ligne face à la colonne d'infanterie.
Les ordres de l'Empereur tombèrent, secs, sur Lobeau. "Les lanciers de Desnoulette doivent les chasser, sinon ils vont réussir leur coup !" Desnoulettes poussa son cheval en avant, suivit comme un seul homme par ses lanciers.
Lobeau osa une question : "que peuvent-ils faire contre nous, nous sommes dix fois...", il n'eut pas le loisir de finir sa phrase,
l'Empereur le séchat vivement : "Si nous les laissons charger ou même seulement s'interposer, ils ralentiront toute la colonne d'une heure au moins, nous ne pouvons pas nous le permettre. Il faut impérativement avoir atteint Ath avant 18h00 sinon nous ne pourrons en chasser les anglais, et toute notre manoeuvre depuis le 12 sera déçue.
Wellington pourra encore nous rire au nez, et se volatiliser pour je ne sais où durant la nuit. Si nous ne battons pas les anglais avant le 15, au plus tard le 16, les prussiens seront sur nous et nous devrons alors défendre au lieu d'attaquer. Je ne peux pas me permettre une campagne longue, le peuple ne me suivrait pas.
Avez-vous, Lobeau, prêté attention à la mine de certains de vos hommes tout à l'heure ? Ils ne se battrons pas longtemps si je ne leur offre pas une victoire bientôt !
Leur enthousiasme est certes réel, mais ce n'est que de l'enthousiasme, lorsque leurs camarades tomberont au champ d'honneur, ils en seront revenu de l'enthousiasme ! Il n'y a que la victoire qui les poussera plus avant ! Si nous perdons notre première bataille, ou si nous échouons à la livrer avant que nos adversaires se soient regroupés, nous serons perdus Lobeau ! Vous m'entendez Lobeau ! Perdus !"
L'Empereur était grâve maintenant, Desnoulette s'était positionné face aux cavaliers anglais, hors ceux-ci s'étaient effectivement avancés pour charger.
"Mais qu'est ce qu'il fout ?! Il s'est trop avancé ! Qu'est ce qu'il attend pour charger ?! Non de... Mais quoi, il faut donc que je fasse tout moi même ici ?! Même les officiers de la Garde ne savent plus commander ?!"
Au même instant, Lobeau pâlit, Desnoulette venait de se faire enfoncer par les dragons du Général Dornberg !
"Incapable ! Crétin ! Imbécile ! Voilà exactement ce que je ne voulais pas ! Lobeau, votre corps est coupé en deux, Desnoulette s'est vautré comme un débutant !
Une heure de perdue, autant de gagner côté anglais ! Chassez moi ces dragons Lobeau, chasser les moi !" L'Empereur chancelat, sous l'effet de sa rage.
Tous les aides de camps se portèrent vers lui pour le soutenir.
Quelques minutes plus tard, Lobeau s'était rattrapé. Les dragons reculaient cette fois, mais en bon ordre.
Par contre, la colonne avait presque stopé sa progression... Seules deux divisions continuaient leur progression vers Ath, quelque peu esseulées.
"C'est foutu Lobeau, nous ne rattraperons pas notre retard ! Ce diable de Wellington peut reconsidérer sa cavalerie, elle vient de lui rendre un immense service !
Foncez Lobeau, il faut être à Ath avant ce soir, foncez, que rien ne vous arrêtes plus maitenant !"
Les fantassins français progressaient sur trois colonnes vers Ath, sur l'aile gauche, une division anglaise, tenant les faubourgs sud, ralentissait encore la marche.
Les batteries françaises se déployaient, mais les anglais restaient sur leurs positions, visiblement peu enclins à les abandonner aussi facilement.
Et effectivement, ils endurèrent le feu près de deux heures, au prix de lourdes pertes, mais sans siller.
Au centre, un détâchement avait ouvert le feu depuis une ferme isolée, désorganisant la colonne française avant de se carapater vers Ath - encore un mauvais tour, encore du temps de perdu.
Mais ce fut sur l'aile droite que la stupeur et le silence se firent. Dans le lointain, on apperçevait vaguement des uniformes bleus foncés, (hollandais ? prussiens ?), qui se déployaient sur une ligne depuis Ath jusqu'à Meslin.
L'inquiètude de l'Empereur se transforma cependant rapidement en colère, et pour finir en rire !
Par moments, le vent soufflant depuis Ath, on entendait en effet distinctement les soldats anglais chanter. Ils chantaient tous "God Save The King", même ceux se déployant sur l'aile droite, ce n'étaient donc pas des prussiens !
"Ils chantent les bougres ! Eux au moins ils ont le moral ! Vous voyez Lobeau, Wellington sait me faire rire, je peux donc me méfier, demain il me fera peut-être bien pleurer...
Allez, cette journée est perdue, demain il faudra recommencer à avancer, et alors peut-être arriverons-nous à battre ces anglais."
Extrait des mémoires du colonel baron Sausset commandant de 111ème de ligne, division Hulot, corps du comte Gérard.
Il faisait une nouvelle fois très beau et très chaud en ce 15 juin 1815. Mon régiment marchait en tête de la division et ainsi j'eu l'occasion d'observer le déploiement de l'armée française lors de notre arrivée sur le champs de bataille de De Kat.
L'armée française après avoir bousculé l'armée Anglo-Hollandaise 2 jours de suite à Ath puis Lessines avait dès le matin du se remettre en marche pour poursuivre une nouvelle fois l'anglais qui se retirait. Malgré les ponts détruits derrière eux les anglais ne purent semer les français bien décidé à les accrocher.
A notre arrivée sur le champ de bataille à 17h, je pus voir déployé à gauche de la route, de gauche à droite les corps de cavalerie excellemans et kellerman,
les troupes du général Reille. Au centre était placée la grande batterie de la garde avec en réserve l'arme au pied la vielle garde.
L'artillerie du comte de Lobau appuyait ce déploiement de canons et se formait dans la plaine à la droite des batteries avec les cuirassiers de Milhaud derrière eux.
En face les anglais étaient solidement retranchés le long de la route Ninove derrière une haie avec leur gauche appuyée sur le village de De Kat et leur droite appuyée sur le village de Lierde.
Je vis alors arriver au grand galop le Marquis de Grouchy qui se portait à la rencontre du comte Gérard qui se trouvait en tête de colonne avec le baron Hulot. Je pus entendre ce qui se dit en cette occasion.
Grouchy : Vous êtes là enfin !
Gérard : Excellence j'ai fait le plus vite possible mais étant donné l'encombrement sur la route, j'ai du laisser le passage à la garde.
Grouchy : Comment veut on que je perce la ligne anglaise si on me prive de la moitié de mes effectifs. Où est le reste de votre corps ?
Gérard (embarrassé) : Excellence, la distance à parcourir a été pour les division Pécheux et Vichery bien plus grande que prévue.Je crains qu''ils ne puissent arriver avant 19h quand le combat sera presque fini. L'artillerie devrait bientôt arriver mais je l'ai laissé il y a quelques kms pour arriver plus vite.
Grouchy (calme maintenant) : Je sais que vous avez tous fait votre possible. On va faire avec ce qu'on a. Il reste peu de temps avant que la nuit n'arrête les combats.
Faites marcher votre division à l'extrême droite en face du village de De Kat, emparez vous de la partie du village de ce coté de la route et protégez le flanc droit.
Nous aurons ainsi un point d'appui. Le général Mouton fait face à des troupes que je pense fatiguées, c'est le point faible ennemi, je vais faire donner l'assaut rapidement.
Vitesse, toujours plus de vitesse gardez cela à l'esprit messieurs.
Le maréchal reparti alors au grand galop pour retrouver les généraux mouton et Milhaud.
Nous accélérâmes la marche pour nous porter en face du village de De Kat devant lequel nous nous formâmes en colonnes d'attaque.
Durant ce temps le maréchal Grouchy avait commandé l'assaut sur la faible ligne alliée entre le village de De Kat et le carrefour.
La charge adroitement combinée des cuirassiers et de l'infanterie perça le dispositif ennemi malgré la haie et l'artillerie.
La notre d'artillerie arriva juste à ce moment et oupant au plus court se placa en position juste derrière les troupes du comte de Lobau avec les batterie à cheval que le maréchal Grouchy avait fait pointées sur De Kat pour nous soutenir.
Le général Gérard en tête toute la division chargea alors le village. Nous prîmes finalement le dessus sur des anglais solidement retranchés mais largement inférieurs en nombre.
Je montais alors dans le grenier d'une maison d'où je pus voir clairement tout le champ de bataille. Nous occupions une partie du village de De Kat et le général Gérard avait fait formé la 2ème brigade en carré face à la cavalerie prussienne qui menaçait la droite française.
Le général Mouton avait pris position sur la route entre De Kat et le carrefour mais peinait à reformer ses troupes après le passage de celle-ci qui les avaient mis en grand désordre.
Je vis aussi arriver enfin les réserve au loin : Division pécheux, Vichery et Teste.
La première brigade de cuirassiers qui avait percé la ligne alliée avait continué sa charge et blessé gravement le prince d'orange chargeait maintenant les réserves ennemies, les forçant à se mettre en carré et ralentissant ainsi la contre attaque alliée. Notre flanc gauche n''arrivait pas à prendre pied sur la ligne et notre cavalerie après bien des péripéties commençait à repousser la cavalerie ennemie avec difficulté.
A la demande de l'empereur la garde s'avança alors en colonnes pour prendre la position devant laquelle Reille piétinait depuis des heures. Le maréchal Grouchy fit alors charger la deuxième brigade de Milhaud le long de la route appuyée par la division Teste à peine formée.
Le centre anglais vola en éclat et nous primes possessions du carrefour. Toutefois la garde elle aussi venait d'être rudement repoussée à notre grande surprise.
Enfin à l'extrême gauche dans une dernière charge les cuirassiers de kellerman explosèrent la cavalerie ennemie et tuèrent le général Uxbridge.
La bataille se terminait ainsi, les alliés tenaient toujours une partie de la route entre Lierde et le carrefour et une partie du village de De Kat.
Le maréchal Gouchy vient nous féliciter de la prise de cette partie du village qui nous servirait bien pour demain.
Il ajouta qu'il était sur que si nous avions disposé de toutes nos troupes plutôt il était certain que nous aurions renvoyé l'ennemi sur son île.
Nous entrâmes ainsi dans la nuit précédant la bataille fatidique.
Extraits des mémoires de Karl von Oeels soldat au 2ème de Ligne Contingent du Brunswick
A 14h00 l'ennemi nous a attaqué violemment. Le duc avait accompagné notre cavalerie légère près du pont afin de retarder l'avance française.
Le Major hurlait à chaque minute de gagner ici, c'est une minutede liberté de plus ! Vous voulez conserver votre liberté ! Défendez là !.
Déjà le canon tonnait sur toute la ligne. Une masse importante de ligne avançait flanquait par de la grosse cavalerie.
Mon régiment était posté derrrière le muret qui coure entre lierde et le carrefour. A ma gauche se trouvait des troupes du Nassau et un peu plus loin des soldats anglais du nord de l'angleterre.
On vit bientôt arriver une nombreuse cavalerie alliée puis de l'infanterie en provenance de l'ouest. On en fût bien heureux car déjà les Leib Garde était étripés en première ligne et le duc avait été ramené violemment.
Bientôt les français furent sur nous et tout notre contingent fut littéralement submergé de bayonnettes.
On tenta de tenir la ligne mais c'était là situation impossible. Les cavaliers français nous tournaient et engagr les anglais. On disait que Ney était là, qu'Uxbridge était mort ...
La ligne céda complètement et je couru autant que je pouvais vers l'arrière où je me retrouvais derrière la ligne protectrice et bienvenue des troupes néerlandaises.
Plus de 800 des notres furent capturés et un nombre égal gisait sur le sol.
Le Major nous réuni à proximité d'un bois et nous dit en nous montrant des cavaliers prussiens qui venaient d'arriver : soyez fiers de vous !
Les 4 heures que vous avez gagné au prix de votre sang annonce déjà la fin de l'usurpateur ! Nous ne sommes plus seuls face à lui ! Il va désormais devoir faire face à l'europe !
@Pratzen 2021